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La Cartoon Fair s'est tenue du 4 au 5 mars dernier à Bourg-la-Reine. Toujours consacrée aux dessins animés occidentaux, cette troisième édition s'est voulue plus ouverte aux fans d'animes japonais. Malgré un public qui n'a pas été au rendez-vous et une organisation qui a connu quelques ratés, le potentiel est présent pour en faire un évènement majeur parmi les conventions françaises.



Après une édition annulée faute de financement en 2022, les passionné·es de cartoons avaient de nouveau rendez-vous à Bourg-la-Reine le temps d'un week-end. Sa mascotte Swift nous proposait de mettre à l’honneur des séries qui nous sont chères à travers de multiples stands et conférences, tout en proposant diverses activités comme un stand retrogaming ou un concours de cosplay.

Tout d’abord, la convention s’est avérée très facile d’accès. De nouveau organisée à la salle des colonnes, elle se trouve à quelques centaines de mètres du RER B le long d’un grand boulevard facilitant la circulation en voiture. Chaque visiteur a donc pu venir à sa convenance, profitant ainsi des facilités de circulation offertes par sa proximité avec Paris. Arrivé devant la salle, des grandes affiches annonçaient la tenue de l'événement, impossible donc de passer à côté !

 

Le renouvellement, une tâche qui s’avère difficile

Arrivé sur place, des stands de dessinateurs, fabricants de peluches ou auteurs de bande dessinée se côtoient. Ils sont au nombre de 35 d’après Stan, bénévole de la Cartoon Fair en charge de l’accueil des exposants. Venu de Liège en Belgique, c’est un baroudeur qui a déjà traversé de nombreuses fois l’Europe pour participer à des conventions. Présent lors des deux premières éditions en tant que visiteur, c’est la première fois qu’il y participe en tant que bénévole. Possédant une solide expérience associative, il remarque des problèmes d’organisation et des problèmes pour déléguer de la part de Keyvan, l’organisateur.

Stan, venu de Belgique, était responsable de l’accueil des exposant·es

Ce constat n’est pas partagé par un autre bénévole. Présent lors des différents événements organisés par l’association, comme la Chibi Rouen et la Chibi Douai, Eric* constate qu’ils gagnent à chaque fois en efficacité, notamment lors des réunions de mise en place des différentes tâches à accomplir.

« Il y a beaucoup moins de visiteurs comparés à la dernière édition », indique Keyvan, l’organisateur de la Cartoon Fair. Déjà à l’origine des deux premières éditions, il remarque que cette troisième édition a du mal à démarrer. « La première édition à Rouen bénéficiait d’un effet de nouveauté. Celle de 2021 était quasiment la première organisée après le confinement de 2020, la queue était interminable. Cette nouvelle édition souffre d’un manque de renouvellement, la plupart des séries porteuses comme My Little Pony : Friendship Is Magic ou Steven Universe sont terminées depuis 2019. »

C’est effectivement quelque chose que l’on pouvait constater rapidement dans les allées du salon. Même si une belle diversité était présente avec un très beau groupe de cosplayeurs The Owl House (Photo ci-dessous) et la G5 de My Little Pony (NDLR : la 5ème génération) qui a bien été intégrée, on retrouve surtout des séries terminées maintenant depuis plusieurs années comme Adventure TimeThe Owl House n’était que peu présent dans le programme officiel de l’événement, et Amphibia n’a pas du tout été représenté.

Les fans de The Owl House étaient venu·es en nombre à cette édition, dont certain·es pour la première fois.

 

Une scène à part et des visiteur·euses varié·es

La Cartoon Fair, c’était également l’occasion d’assister à un concours de cosplay et à des conférences sur l’animation, comme l’explication du métier de storyboardeur par Étienne Guignard, qui a notamment travaillé sur Arcane et Steven Universe Future. Vous pouvez d’ailleurs visionner notre longue interview de lui pour en apprendre plus.

Toutes ces animations avaient lieu à l’Agoreine, une salle de théâtre située à une centaine de mètres de la Salle des colonnes, où étaient présent·es les exposant·es. La salle se révèle spacieuse et parfaitement adaptée pour organiser ce genre d’évènements. Les animations du samedi après-midi ont commencé par la remise des prix du concours de cosplay. Les cosplays issus de manga ont été mis à l’honneur, puisqu’ils ont remporté tous les prix mis en jeu. Les communautés furry et brony étaient particulièrement bien représentées parmi les participant·es et le public (NDLR : les furries expriment un intérêt dans l'art animal anthropomorphique, les bronies sont les fans de la série et/ou des jouets My Little Pony). 

Un panneau annonçant la scène où étaient organisées les conférences

C’était en effet l’une des nouveautés de cette Cartoon Fair. Elle a cherché à élargir son public, en s’ouvrant davantage aux fans d’animes. On a pu donc apercevoir Tanjiro de Demon Slayer aux côtés d’Amity de The Owl House. Certain·es participant·es étaient même là uniquement pour cette raison. 

C’est par exemple le cas de Akane/Aliss, cosplayeur et photographe furry. Originaire de Rouen, il a fait le déplacement pour pouvoir rencontrer le groupe de furries avec qui il est en contact sur Discord, les cartoons ne l’intéressant pas. Présent lors de la première édition justement organisée à Rouen, il regrette qu’elle ait déménagé, les conventions étant rares en Normandie. De plus, il trouve que les prix d’entrées pour les cosplayeurs sont trop élevés, même s’il comprend le besoin pour l’organisation de trouver des revenus. « Les entrées payantes pour les cosplayeurs nous aident à rentrer dans nos frais », confirme le président de la Cartoon Fair. 

Akane/Aliss regrette également l’éloignement de la scène par rapport au reste de la convention, cette configuration ne permettant pas de pouvoir y aller à la dernière minute. En revanche, il apprécie la présence d’un vestiaire pour pouvoir se changer, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type d’événement. 

Akane/Aliss, un des nombreux·euses furries présent·es pour cette édition

Melvin, un autre visiteur, est de son côté très satisfait de la convention. Il apprécie ce genre d’événement qui lui permet de rencontrer des gens ayant la même passion que lui. « J’aime son côté plus intimiste que le Toulouse Game Show, par exemple », confie-t-il. 

Melvin, venu cosplayé en Dipper de Gravity Falls

Du côté des exposant·es ayant fait le déplacement, les avis apparaissent divisés. Acylius, un fabricant de peluches My Little Pony et de posters, a du mal à vendre les articles de sa création. « Je crains de ne pas pouvoir rentrer dans mes frais », admet-il, estimant que cela peut s'expliquer par les difficultés financières que beaucoup de personnes rencontrent ces derniers temps à cause de l'inflation. Après avoir effectué la Galacon en Allemagne et la PonyCon, une convention brony organisée aux Pays-Bas, c’est sa première Cartoon Fair en tant qu’exposant. Il trouve l’organisation assez efficace, même si elle n’est pas au niveau de la Galacon. En revanche, il regrette que les organisateurs aient été uniquement joignables par mail, un canal de communication peu fluide ou pratique. Un canal Discord était selon lui plus adapté. De plus, il ne voit pas trop l’intérêt d’organiser la convention près de Paris, les grandes villes situées en région comme Lille étant également très accessibles. 

Arcylius sur son stand, où l’on pouvait retrouver des peluches de très bonne facture issues des séries My Little Pony. 

Pour Kapalsky comics, la convention est un succès. Présent depuis la première édition de 2019 en tant qu’exposant, il trouve les prix accessibles et a pu rembourser sa table. Une tablette permet de présenter son œuvre : « Comme j’habite sur Paris, je n’ai pas de soucis pour l’électricité. » ; un problème qu'ont pu rencontrer certain·es qui se retrouvaient dans l’impossibilité de brancher leur matériel informatique à une prise de courant.

Kapalsky comics, un vieux baroudeur de la Cartoon Fair, présent depuis la première édition. 

Bien qu’il regarde des séries d’animation adultes Netflix comme Inside Job ou The Ghost and Molly Mcgee de Disney, sa période de prédilection reste les séries des années 90, « celles qu’on pouvait voir dans Ça cartoon par exemple », une émission diffusée sur Canal+.  De son point de vue, le mélange cartoons-mangas n’est pas dérangeant. « C’est même une bonne chose, vu les influences entre les deux », souligne-t-il. Il est vrai que ces dernières années, les références n’ont pas manqué et les consommateur·ices d’animation ne font pas toujours la différence.

Le calme avant la tempête pour le stand de Cartoon Fantasy, qui se prépare à recevoir les visiteur·euses le dimanche avant l’ouverture. 

 

Des animations qui ont cherché leur public 

Du côté des différentes animations proposées, la plupart ont eu du mal à décoller. L’espace jeux de société par exemple brillait par son absence de joueur·euses dimanche après-midi. Du côté du stand jeux vidéo présent dans le même bâtiment où étaient organisées les conférences, il a été sollicité sans pour autant subir un raz-de-marée. 

Pour les conférences en elles-mêmes, elles étaient vraiment plaisantes à suivre, avec des intervenant·es heureux·ses de répondre aux questions du public. OhPonyBoy a pu présenter sa web-série indépendante Melvin est magiquetout juste débutée sur Youtube. Il a ainsi pu présenter son projet, celui d’un jeune laborantin souhaitant mettre de la couleur dans sa vie, commençant à imaginer un univers rempli de licornes multicolores. 

Il en est de même pour Étienne Guignard, qui a pu présenter le principe du storyboard « qui fonctionne comme une notice IKEA » pour permettre la mise en place de l’animation finale telle qu’elle sera vue par læ spectateur·ice. En revanche, il a parfois eu du mal à se montrer, avec seulement une dizaine de personnes pour la conférence autour des métiers de l’animation organisée le dimanche qui a commencé avec 30 minutes de retard. 

Étienne Guignard a eu à deux reprises l’occasion de nous présenter son métier de storyboardeur

 

Conclusion

La Cartoon Fair a pour son grand retour affiché l’ambition de réunir les fans de cartoons le temps d’un week-end, pour montrer que les dessins animés occidentaux ont également leur public. Les deux premières éditions avaient montré leur attrait. Malheureusement, plusieurs accrocs laisseront à cette convention un goût d’inachevé, n’ayant pas pu montrer son plein potentiel : une organisation qui a parfois pu être jugée améliorable, un manque de renouvellement dans les personnes présentes, une période financièrement compliquée pour beaucoup et une place peut-être trop importante accordée aux fans d’animes.

Il faut noter que cette édition, financée sur des fonds propres, n’a pas du tout réussi à rentrer dans ses frais, affichant un déficit record de 8000 €. Un appel aux dons a donc été lancé pour aider à boucler les comptes, vous trouverez toutes les informations sur ce lien : 

Fin de l'article

Boîte noire

L'équipe de Cartoon Fantasy tient à apporter
quelques informations annexes à ce contenu.

*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat.

L'association Realms of Fantasy (qui édite Cartoon Fantasy) a apporté un soutien logistique à la Cartoon Fair en 2019, lors de la première édition, puis s'en est tenue à quelques collaborations en marge, telles que le concert de l'édition de 2021.

Notre journaliste a couvert l'événement à l'aide d'un pass exposant négocié en amont avec l'organisation de l'événement.

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Par Perle Rouge