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News
La quotidienne d'Annecy 2025 : jour 2 (lundi)
10 juin 2025
Par Les4elements , Maelias , Auré , Zel

Dans cette quotidienne d'Annecy, nos reporters continuent de vous partager leurs avis à chaud et leurs coups de cœur, où toutes les techniques d'animation sont mises à l'honneur.
🔶 Planètes (Momoko Seto)

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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Pour ce film, j’avais énormément d'attentes à la suite du work-in-progress auquel nous avions assisté l'année passée et qui m'avait inspiré à plonger dans le parcours et l’œuvre de Momoko Seto dans un long article.
Mes attentes ont été récompensées ! Momoko Seto a trouvé le bon équilibre entre l’expérimentation et la narration. Le film prend son temps au niveau du rythme et pour les spectateur·trices qui pourraient s'impatienter, le film trouve ensuite un bon tempo dès que les akènes débarquent dans un nouveau monde.
Étonnamment, l'attachement envers les akènes et leurs relations entre eux fonctionne à merveille grâce à leur character acting assez cartoonesque.
Les différents environnements sont très dépaysants grâce à des espèces de plantes uniques mais aussi grâce à l'ambiance sonore et musicale. Les compositions de Nicolas Becker et Quentin Sirjacq témoignent d'une grande exploration et expérimentation musicale.
Le côté expérimental du film ne sera pas au goût de tous·tes, mais nous pouvons sans doute tomber d'accord sur le fait qu’il s’agit d’une proposition innovante d'une véritable artiste-autrice.
Je publierai sur Cartoon Fantasy une critique plus détaillée prochainement, ainsi qu'une interview de Momoko Seto, pour aller plus loin sur cette œuvre originale à bien des égards.
🔶 Un premier aperçu de GOAT (Sony Pictures Animation)

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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J’ai assisté aujourd’hui à la présentation de la prochaine grosse production de Sony Animation : GOAT. Le réalisateur Tyree Dillihay et la productrice Michelle Raimo Kouyate nous ont pitché le film, certains personnages et aussi des pistes de recherches.
Dans ce film prévu pour l’année prochaine, nous suivons Will, un jeune bouc qui souhaite devenir un grand joueur de Roarball (une version plus bestiale du basket ball). Seulement il y a un problème, Will est trop petit et le Roarball est une discipline principalement pratiquée par les animaux les plus massifs… Pour autant, ce n’est pas ça qui risque de stopper Will et son rêve.
Il est un peu tôt encore pour juger de la qualité visuelle du film car nous avons vu des extraits du film en rough layout/préviz, soit un résultat non définitif. Cependant ces extraits étaient très pertinents pour rendre compte des relations entre les personnages et un aperçu d’un des premiers actes du film.
GOAT était pour moi une sympathique découverte dont je suivrai la sortie avec attention ! J’écrirai un article dessus très prochainement !
🔶Courts métrages L'officielle 2
ℹ️ La catégorie Courts métrages L'officielle présente une sélection en compétition des meilleures œuvres courtes d’animation du monde entier, toutes techniques confondues. Elle met en lumière la diversité et la créativité du format court. |

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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🔸Dog Ear : un ami canin pour dépasser la maltraitance 🐕
Voici un court-métrage qui m’a beaucoup touché ! Le style de l'animation 2D est assez typique de celles qu’on peut trouver aujourd’hui, mais détient pour autant une certaine sensibilité. Elle s'exprime déjà par l'intermédiaire de certaines de ses teintes, qu’on retrouve sur des éléments clés et dans des passages des souvenirs traumatiques de Bercy, le petit garçon protagoniste. C’est non seulement par des effets lumineux, discrets et doux que les couleurs en disent le plus, mais également par des changements de points de vue soignés : on passe de la couleur au noir et blanc pour signifier qu'on passe de la vision du petit garçon à celle du chien. De cette façon, le récit crée un parallèle entre ces deux individus.

Bercy subit les images des disputes de ses parents, leur colère, leur négligence et l’abandon. Le schéma dysfonctionnel du couple se transfère sur l’état de leur fils. Troublé par ces flashs écarlates, il manque de se faire renverser par un bus rouge. Lorsque Bercy rentre chez lui, en pressant la poignée de porte rouge ; il se retrouve seul, avec le chien. L’état de la maison est négligé, presque à l’abandon, comme l’enfant et le chien. Ils subissent tous les deux les restrictions des parents : le chien n’étant pas libre d’entrer et mal-nourri, Bercy est quant à lui obligé d’enfouir ses émotions et d’appliquer les demandes de sa mère au téléphone. Ses visions violentes le déconcentrent, et il se blesse en resserrant la corde de son violoncelle. Sa frustration déborde, il s'empare d’un crayon rouge pour griffonner partout où il peut. Tandis que le chien répond à sa faim en fouillant les poubelles de la maison, Bercy déchaîne sa colère et s’en prend à l’animal. Cependant, la réponse instinctive du chien crée alors un déclic chez l’enfant, qui comprend que l’animal ne cherche qu’à se défendre face à sa colère.
Tous deux blessés, Bercy fera désormais preuve de compassion à l’égard du chien qui se montre là pour lui, et une empathie mutuelle va se déployer entre eux. Ils passent le restant de la journée ensemble, Bercy se laisse alors jouer, danser et explorer son imaginaire entouré de ses peluches d'animaux, tandis que le chien le suit. Le message du film m’a paru assez clair par sa simplicité, son rythme qui laisse place à l’émotion et à l’empathie. Le thème de la maltraitance y est abordé avec suffisamment de parallèles, par la couleur rouge qui revient, et par le traitement animal. Sa fidélité et le traitement de ses besoins primordiaux offrent une lecture assez universelle des conséquences de la violence.

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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🔸Atomik Tour : une comédie de sensibilisation réussie
Atomik Tour est un court-métrage en noir et blanc, avec des marionnettes modelées de façon brute, l’aspect de la pâte donnant une texture sale et réaliste, en adéquation avec le récit. Il retrace la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986… par le prisme d’un jeune influenceur français en 2018.
Sa visite des vestiges de Prypiat est un terrain d’humour moderne pour lui et pour nous qui le suivons. Sa présence et son humour détonnent dans l’environnement, ce qui crée un contraste qui nous fait oublier l’ambiance horrifique, au point de créer un malaise dans l’intérêt du ridicule. Lorsqu’il trouve un arbre au milieu des ruines, avec un feuillage particulièrement vert parmi les nuances de gris, la décision du personnage est alors inattendue et comique.

Il traverse ainsi les environnements funestes, notamment une classe abandonnée, et se retrouve victime de sa comédie. Lorsqu’il finit bloqué sur le toit alors que son bus repart, on ne se moque plus avec lui, mais plutôt de lui : on n’aura jamais entendu autant d’insultes aussi sincères dans une œuvre d’animation !
L’étrange rencontre qu’il fait le bouleverse profondément, lors d’une fracture mentale et temporelle. Alors que le présent se mêle au passé, nous faisons, avec l’influenceur, une constatation brutale qui ne peut plus être déjouée par l’humour. Le court finit sur ce qui me semble être un twist grâce à la photo qu’il trouve, et qui donne une toute autre lecture de son récit. Cette conclusion fait de ce film une sensibilisation très ingénieuse !
Vous pouvez visionner ce court-métrage sur le site de France.Tv jusqu'au 2 septembre 2025.

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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🔸Zwermen : l'esprit vieillit… et s'envole 🕊️
Ce court poétique laisse place à l’interprétation. On suit un personnage âgé, à la texture faite de laine fine. C’est dans une maison de retraite qu’on le retrouve, ahuri, parmi les séniors et séniles. On l’installe pour faire des séances de loto et des exercices de chant. Et chaque jour, le personnage observe l’oiseau noir qui l’appelle à la fenêtre. Alors qu’il tourne la tête vers ses congénères, il semble un instant que tout le monde se soit transformé en oiseau ; seul au milieu du bétail qui a l’air fou, le personnage a du mal à se faire à la vie dans cet asile.
Mais l’âge lui fait aussi gagner des plumes qui le transforment peu à peu en oiseau, avec un bec, il doit retirer ses chaussures pour sortir ses pattes crochues. Mais le sentiment d’être resté le vilain petit canard ne le sort pas de sa solitude. Lorsqu’il chante, sa voix déraille, il ne peut plus que siffler, comme le moineau à la fenêtre. Alors que son fauteuil prend la paille, il décide de rejoindre le confrère qui l’appelle. Le récit se termine alors qu’il prend son envol.
🔶 The Girl Who Stole Time
ℹ️ La catégorie Annecy présente propose une sélection hors compétition de films d’animation qui reflètent l’esprit du festival, en mettant en avant des œuvres audacieuses, singulières ou patrimoniales. |

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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Ce long métrage a été une petite déception pour moi… J’avais beaucoup d’attentes car les dernières productions chinoises que j’ai vues m’avaient beaucoup plu (I am What I am ou encore Ne Zha 2). J’ai tiqué sur certains détails comme le character design des personnages qui n’est pas uniforme pour moi. Certains personnages ont un design très réaliste comme Seventeen, alors que d’autres ont un style très caricatural comme le personnage du petit garçon qui mange une glace. Le personnage principal détonne aussi par son chara design proche d'Anna, dans La Reine des Neiges.
Cependant, le film est très bon dans les mouvements de caméra qui sont capables de suivre les personnages dans l’action lors des courses poursuites ou des combats, qui sont très inventifs. Une des scènes qui m’a plus plus impressionnée est la scène d’ouverture du film qui est dantesque. Le film possède aussi un montage très dynamique, beaucoup d’humour et fait de beaux clins d'œil au monde du cinéma.
Un des derniers points qui m’a gêné est le plotwist révélé aux deux tiers du film vis à vis d’un personnage. Visiblement, je n’ai pas été la seule à avoir ce sentiment car pratiquement toute la salle était très confuse et a exprimé oralement sa gène à ce moment-là.
Malgré ces défauts, j’ai passé une très bonne séance ! Le public y a aussi contribué grâce à ses éclats de rires et ses applaudissements pendant certaines scènes.
À demain pour l'édition dédiée aux séances et événements du mardi ! 👋