Ultraman Rising

Durant le festival d’Annecy, nous avons pu voir en avant-première mondiale le film américano-japonais Ultraman: Rising, réalisé par Shannon Tindle et John Aoshima. Pour vous, une critique de ce film désormais disponible sur Netflix.



Ultraman est une licence de super-héros culte au Japon appartenant à la société de production Tsubuyara. Elle a commencé en 1966 avec une première série en prise de vues réelles dans laquelle une race de super-héros extraterrestres combat des monstres géants (Kaijus en japonais). La franchise s’étend jusqu’à aujourd’hui, sur pleins de supports différents (films, séries, mangas, etc.). 

Elle fait partie du genre du tokusatsu. Cette catégorie se caractérise par l’utilisation d'effets spéciaux et par l’esthétique qui en découle (maquettes, costumes, pyrotechnie, etc.). Elle met souvent en scène des personnages et monstres géants. Avec Godzilla, elle est plus particulièrement l’instigatrice du sous-genre Kyodhai Hero, très populaire au Japon. C’est une sous-catégorie du tokusatsu qui porte sur des super-héros gigantesques ou dont le pouvoir est de le devenir, combattant des monstres géants.

Avec ce film, Netflix met en scène un monstre sacré du cinéma japonais, peu connu en Occident. L'objectif est alors double pour la plateforme. La première est de plaire au public japonais pour qui Ultraman est déjà une icône. Et la seconde est d’introduire un nouveau super-héros au public occidental, friand de ce type de personnage.

 

La dure vie de père

La thématique majeure de ce film est celle de la parentalité, un angle d’attaque aussi surprenant pour le spectateur que pour le personnage principal lui-même. Notre Ultraman, Ken Sato, une star du baseball, arrogant et imbu de lui-même, se retrouve après un combat à devoir élever un bébé kaiju. Cette épreuve sera bien plus dure que n’importe quel combat pour lui. 

Ultraman: Rising est sûrement l’un des films d’animation qui traite le mieux la thématique de la parentalité. Il nous montre les difficultés d’élever un bébé, que ce soient les nuits blanches, le besoin d’attention constante ou l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Ce sont autant de moments aussi drôles qu’émouvants. La parentalité est représentée dans ses pires comme ses meilleurs aspects. Que ce soit la relation entre Ultraman et le bébé kaiju, ou entre Ultraman et son propre père, les relations entre les personnages sont touchantes et authentiques. C’est sans aucun doute le plus gros point fort du film.

Malheureusement, le défaut de cette qualité est que tous les autres éléments du film sont, en conséquence, sous-traités. Ultraman reste un film de super-héros. Et le fait qu’il passe autant de temps à construire la relation entre le bébé et Ultraman fait qu’il n’a pas le temps d’aussi bien installer les autres éléments narratifs du film, comme les méchants par exemple. Une autre conséquence est que la fin du film est très brouillonne. Elle conclut l’histoire en réunissant tous les protagonistes et antagonistes de manière maladroite pour un combat final qui manque de sens. 

 

L’ombre du Spider-Verse

Ultraman: Rising s’inscrit dans la lignée des nouveaux films d’animation s’inspirant de l’esthétique des films Spider-Man de Sony Animation. C’est un film en 3D qui s’inspire des comics et des mangas pour sa mise en scène, notamment avec plusieurs scènes de “poses” typiques de super-héros sur fond coloré. L’esthétique du film mise beaucoup sur l’utilisation de couleurs saturées et de néons. Son animation est de très bonne qualité, très fluide. De plus, un soin tout particulier a été donné aux effets spéciaux ainsi qu’aux lumières du film.

Malheureusement, la chorégraphie des combats manque d’impact et est finalement surtout portée par ses effets spéciaux. C’est un point qui pourrait être regrettable. Cependant, le combat n’est pas le point central du film. En conséquence, même s’ils ne sont pas époustouflants comme dans un Spiderman across the Spider-Verse, ils restent divertissants.

Il est difficile de parler de l’esthétique d’Ultraman sans mentionner systématiquement les films Spider-Verse. Là où Le Chat Potté 2 et les Tortues Ninja s’en inspirent, mais trouvent leur identité propre, Ultraman, lui, ne semble pas y arriver. Ses tentatives d’effets de style paraissent parfois trop rapides, ou bien trop peu présentes dans le métrage pour s’installer véritablement comme des motifs filmiques. Le film cherche à reproduire la recette sans vraiment comprendre comment celle-ci fonctionnait.

Le résultat final n’en est pas pour autant raté. Au contraire, nous retrouvons les ingrédients de l’esthétique du Spider-Verse, ce qui rend le film très agréable visuellement, mais sans la maestria des films d’animation de l’homme araignée.

 

Netflix part à la conquête du Japon

Le film Ultraman: Rising a un problème assez important dans son scénario. À aucun moment, il n’explique les origines de son héros et de ses ennemis emblématiques, les Kaijus. En tant que spectateur·ices, nous sommes plongé·es directement dans l’univers du film. On ne nous explique pas d’où viennent les pouvoirs d’Ultraman, ce que sont les Kaijus où encore les raisons derrière la philosophie du héros par rapport à eux (à savoir qu’il ne les tue pas).

Une référence à Godzilla se trouve dans cette image.

La raison derrière une telle absence de traitement, qui est pourtant élémentaire dans les films de superhéros, est qu’Ultraman: Rising est destiné en premier lieu au public japonais. Pour ses habitant·es, il n’est pas nécessaire de présenter les origines de ce héros et de ses antagonistes. Pour faire un parallèle avec une œuvre occidentale, il n’est plus nécessaire désormais de montrer les origines de personnages tels que Batman ou Spider-Man. De nombreuses œuvres l’ont déjà fait, à tel point que cela est rentré dans les connaissances populaires.

Cette façon d’aborder leur héros, en partant du principe que le public a déjà toutes les informations nécessaires sur son univers, fait donc partie d’une stratégie commerciale Netflix pour conquérir le marché japonais. Même si cela reste une démarche compréhensible et logique, il est tout de même dommage que le public occidental soit ainsi laissé de côté. Ultraman a le potentiel pour plaire au Japon ainsi qu’au reste du monde.

 

Bien qu’il ait des défauts de narration et un manque de stabilité graphique, Ultraman: Rising est un film très agréable. Ces défauts, dont nous avons beaucoup parlé, n’empêche pas de passer un bon moment avec son visionnage. Ils peuvent même être occultés, car le film offre un moment de divertissement honnête. Ultraman: Rising n’est peut-être pas un chef-d'œuvre, mais cela n’a jamais été sa prétention. C’est un film pop-corn assumé et, en conséquence, il vous fera passer un moment fun de qualité.

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Par Roxane