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Animées ou live-action, on ne compte plus les adaptations des Tortues Ninja. Énième reboot de la franchise, Ninja Turtles: Teenage Years aurait pu être simplement anecdotique, mais se débrouille pour gentiment tirer son épingle du jeu. Voyons comment.



Mais tout d'abord, petit récap : 15 ans après leur exposition au fluide mutagène qui les a transformés, les frères Tortue décident de conquérir le cœur des New Yorkais en accomplissant des actes héroïques, dans l’espoir d’être acceptés comme des adolescents normaux. En s’attaquant à un mystérieux criminel connu sous le nom de Superfly, avec l’aide de leur nouvelle amie April O’Neil, ils vont se trouver confrontés à une véritable armée de mutants… Voilà pour le synopsis. Et le reste ?

Des visuels originaux et dynamiques

Soyons clairs : graphiquement, ça claque. Le chara-design en particulier est franchement marquant. Protagonistes ou spectateurs, tous les humains bénéficient de designs atypiques aux antipodes des tendances Disney. Les visages sont asymétriques, les silhouettes diverses, et la variété de personnages dépeints dans le film est particulièrement réussie. Du côté des mutants, on vire carrément au grotesque.

Le nouveau design d'April, en particulier, a beaucoup fait parler de lui.

Au milieu de Superfly et ses acolytes, ou même à côté de Splinter, les tortues ont probablement le design le plus lisse de tout le cast, même s’ils ont visiblement pris un coup de jeune — plutôt logique quand on joue avec une identité visuelle aussi iconique que celle de nos chevaliers d’écaille.

L’univers autour d’eux n’est pas en reste : pas question de gommer les aspérités ou d’aseptiser la ville de New York, et la crasse est bien présente dans les égouts où vivent nos héros. Bien que très travaillé, le tout a un aspect brut de décoffrage très sympathique, avec des effets parfois évocateurs du Spider verse, mais une patte graphique unique. 

L’animation est largement au niveau et les scènes d’action en particulier sont très réussies, très dynamiques sans être illisibles (mention spéciale à une scène de combat de Splinter, visiblement inspirée des routines de Jackie Chan qui tient le rôle en VO). 

(Petit chant de coq au passage : le studio responsable de l’animation et des effets spéciaux, Mikros Animation, est basé à Paris !)

Un teen-movie ?

Les plus anglophones l’auront remarqué, le titre VF est différent du titre VO, passant de TMNT: Mutant Mayhem (en gros, TMNT : Pagaille Mutante) à Ninja Turtles: Teenage Years (Tortues Ninja : l’adolescence). Un changement anodin, mais qui en dit long sur l’intention du film.

« Ce sont les Teenage Mutant Ninja Turtles. De tous ces mots, la partie Teenage (ado) était la moins explorée, et la plus intéressante pour moi », selon Seth Rogen, co-scénariste du film.

C’est dit, Teenage Years met donc l’accent sur la jeunesse des Tortues et sur leurs états d'âme, si typiques des adolescents ordinaires — qu'ils ne sont pas, à leur grand dam. Ils « veulent juste être des ados normaux et faire des trucs normaux d’ado », dit Seth Rogen. Comme aller au lycée, trouver une copine, ou simplement se balader au grand jour. Rêves banals pour d’autres, mais inaccessibles pour les quatre frères, et ce désir de normalité donnera lieu à des scènes touchantes et sera la motivation première de nos héros.

(À noter que dans la séquence du cinéma en plein air, le film choisi pour évoquer l’adolescence de rêve est Ferris Bueller’s day off – La folle journée de Ferris Bueller, grand classique de John Hughes, référence du teen-movie.)

Le choix des acteurs renforce encore cette volonté de les suivre dans cette période incertaine de leurs vies : si le cast qui entoure les Tortues ne manque pas de stars, (entres autres : Ayo Edebiri, le rappeur Ice Cube, John Cena, Paul Rudd, Maya Rudolph, Jackie Chan !), eux sont interprétés par de tout jeunes comédiens (Nicolas Cantu, Micah Abbey, Shamon Brown Jr et Brady Noon). Mieux encore, ils ont enregistré leurs scènes ensemble. Et ça fonctionne : l’alchimie est là, et la façon dont les quatre frères plaisantent et se charrient ajoute une joyeuse touche d’anarchie et une bonne dose de naturel aux dialogues.

Micah Abbey (Donatello), Nicolas Cantu (Leonardo), Shamon Brown Jr (Michelangelo), Braddy Noon (Raphaël)

Tout a donc été pensé pour que le public cible s’identifie à nos protagonistes, et c’est particulièrement flagrant dans l’écriture.

 

Humour potache et références pop

Ce n’est pas une surprise quand on connaît la franchise, l’humour est très présent et les blagues fusent. Tout ne fait pas mouche dans ce festival de vannes, parfois lourdes, mais cela ne détonne pas vraiment et le script sait ménager des pauses plus sérieuses très bienvenues.

Mais là où la volonté d’accrocher un public jeune se fait particulièrement sentir, c’est dans la multitude de références à la pop culture actuelle. En vrac, on peut citer les trends TikTok, les films Marvel, ou le boyband coréen BTS. Des acteurs bien réels sont nommés (Mark Ruffalo, Chris Pine…), Donatello est fan d’Akira et de l’Attaque des Titans — manga  qui sera d’ailleurs référencé de manière assez inattendue au milieu d’une scène d’action cruciale.

Autant de clins d’œil parfaitement cohérents quand on suit des ados au fait des dernières tendances, mais qui ont pour effet de dater très précisément le film, et de l’ancrer très fortement dans notre univers et notre époque : on peut donc se demander si le film ne risque pas de vieillir prématurément. Évidemment, la réponse se fera attendre quelques années…

L'aventure continue

D’ici là, on profitera de cette balade survitaminée sur fond de hip-hop, et on se préparera à réitérer l’expérience avec grand plaisir : en effet, une séquelle est déjà prévue avec le même cast, ainsi que deux saisons d’une série TV, Tales of the Teenage Mutant Ninja Turtles, qui servira de pont entre les deux films. Cowabunga !

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Par Auré