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Critiques
Molly McGee et le fantôme : une série simple au grand cœur
22 décembre 2022
Par Perle Rouge
Depuis le début des années 2010, Disney animation studio nous a habitués à des cartoons aux grandes qualités ; Souvenirs de Gravity Falls, Luz à Osville en passant par Amphibia, toutes ces séries ont été reconnues pour leurs thèmes matures et leur qualité d'écriture, réunissant des millions de fans à travers le monde, qu’iels soient jeunes ou adultes.
Ces séries sont devenues des vrais succès pour la firme aux grandes oreilles, montrant que les dessins animés ne sont pas réservés qu'aux enfants. Malgré tout, des séries plus discrètes sont toujours produites par ce studio. Même si elles n'égalent pas les séries citées plus haut, elles méritent néanmoins de s'y attarder un peu.
C'est notamment le cas de Molly McGee et le fantôme (The Ghost and Molly McGee en VO). Créée par Bill Motz et Bob Roth, les créateurs de "Star Wars : Les Aventures des Freemaker" et diffusée depuis octobre 2021, cette série a été éclipsée par Luz à Osville (The Owl House) et Amphibia diffusés au même moment.
La série raconte l'histoire de Molly McGee, une adolescente toujours joyeuse et optimiste qui vient d'emménager à Brighton avec sa famille. Dans leur nouvelle maison vit Scratch, un fantôme grincheux et misanthrope qui ne souhaite pas voir des humains bouleverser son paisible quotidien. Il maudit donc Molly McGee à rester constamment à ses côtés à moins que sa famille ne quitte cette maison. Malheureusement pour lui, Molly se réjouit de la situation, heureuse d'avoir un ami qui sera toujours avec elle quoi qu'il arrive.
La série suit donc les aventures de ces deux comparses que tout oppose. L'histoire suit ainsi un scénario simple, mais les messages véhiculés par la série, ainsi que la construction de ses personnages rendent cette série attachante et plus riche qu'elle n'y paraît.
Une diversité très présente qui invite à la découverte
Suivant la lignée des derniers cartoons Disney, plusieurs minorités sont représentées de manière positive. Molly McGee a des origines irlando-thaïlandaises, sa meilleure amie, Libby Stein-Torres est d'origine mexicaine et est juive pratiquante. Des personnages afro-américains ou encore LGBT sont également présents parmi les habitants de Brighton que l'on est amené à croiser au fil des épisodes. La série se veut donc le reflet d'une Amérique multiculturelle, où des individus, très différents les un·es des autres, se côtoient sans préjugés ni barrières entre les personnes.
À plusieurs reprises, ces différentes origines sont utilisées pour permettre de découvrir d'autres coutumes, que ce soit les différentes traditions thaïlandaises ou les fêtes juives qui peuvent être des thèmes centraux de certains épisodes.
Les traditions juives, qu’on découvre grâce au personnage de Libby, sont un exemple de ce point de vue. Elles permettent de découvrir des traditions peu connues du grand public et évoquées dans des cartoons, mais également de tordre le cou à certaines idées reçues.
L’épisode Mazel Tov Libby ! est particulièrement marquant de ce point de vue-là, lorsque l'on voit Libby célébrer sa Bat Mitzvah (cérémonie dans laquelle les filles deviennent des femmes, équivalent d’une communion pour les chrétiens). Molly découvre une fête modeste à cause des problèmes d’argent que subit la mère de Libby qui l'élève seule, à l’opposée des soirées somptueuses qu’elle avait imaginées.
Que ce soit à travers les minorités religieuses, ethniques ou LGBTQ+ (Bob Roth a confirmé que la série allait continuer d’aborder ces thématiques sur Twitter), Molly Mcgee et le fantôme est donc une série qui permet une représentation fidèle de la société américaine, qualité qui a manqué à énormément de séries pendant de nombreuses années.
Des morales justes, des personnages attachants et des moments poignants
Les personnages sont également une grande force de la série. Revendiquant chacun·es leurs héritages, iels possèdent chacun.e leur personnalité permettant de traiter de nombreuses thématiques, de la revendication de ses origines à l'honnêteté dont on doit faire preuve avec ses ami.e.s.
Leurs traits de caractère sont clairement identifiables, ce qui permet d'appuyer la force des morales. Concernant les deux héros de la série, ceux-ci sont très complémentaires et évoluent l’un à côté de l'autre. Cette évolution scénaristique dessine une morale en toile de fond, montrant l'intérêt de s'ouvrir aux autres pour prendre conscience de ses défauts.
Scratch devient de moins en moins bougon au fil de la série, mais surtout Molly voit parfois ses décisions remises en cause. Malgré sa volonté de rendre heureux le monde entier, elle n'en fait parfois qu'à sa tête et refuse d'écouter ses amis. Ainsi, dans l'épisode A vos marques, prêts, neige !, lorsque que d’importantes chutes de neige bloquent les routes, elle s'obstine à vouloir jouer dehors tandis que toute sa famille veut profiter d'un bon feu avec un chocolat chaud.
Appuyée par des chansons rythmées présentes à chaque épisode par segment d’une minute, l'ambiance générale de la série est très reposante, nourrie d'excellentes morales, tout en laissant place à des scènes plus dramatiques qui apportent une touche de sérieux à certains moments qui deviennent vraiment poignants. Que ce soit la fuite des pogroms organisés en Europe dans les années 30, la peur d’être seule de Molly et le rejet de Scratch des autres fantômes, la série confirme sa vision juste des relations humaines et de la vie qu’on peut mener : des malheurs terribles peuvent arriver à chacun d’entre nous, mais il y aura toujours une lueur d’espoir et des gens pour nous accepter tel·le que nous sommes.
Pour la VF, elle est assurée par Dubbing brothers, le studio habituel pour le doublage en français des productions en Disney. On y retrouve notamment Aaricia Dubois pour prêter sa voix à Molly, qui double également Izzy dans My Little Pony : Marquons les esprits !. Mais surtout, Alain Eloy, le doubleur français de Rick dans la série Rick et Morty, donne sa voix à Scratch. L’ensemble est extrêmement réussi, les voix collent bien dans l’ensemble aux personnages et les intonations globalement proches de la VO, malgré des passages non traduits pour les chansons.
Conclusion
Molly Mcgee et le fantôme n’est pas une œuvre révolutionnaire mais c’est une série remplie des meilleurs sentiments, parfaite pour sensibiliser un public jeune à des problématiques socio-culturelles traitées avec justesse.
La saison 2 annoncée pour 2023 semble suivre la même logique. Débutant par un épisode musical de 22 minutes, elle s’annonce plus ambitieuse avec la volonté d’étoffer l’univers de la série déjà mis en place. Les extraits dévoilés par Disney laissent penser que les événements de la fin de la saison 1 sont un prétexte pour faire évoluer les personnages, que ce soit leurs relations ou donner plus d'importance à ceux ayant jusque-là un rôle secondaire. Tout semble donc réuni pour que la série continue sur sa lancée !
En espérant que vous avez apprécié cette critique !