12 min
Critiques
La vie, en gros
Une nouvelle critique en provenance du festival d'Annecy
17 juillet 2024
Par Perle Rouge
Lors d'un festival de cinéma, certaines séances sont de véritables évènements, fortement médiatisé et attendus des mois à l'avance par des fans impatient·es et des critiques enthousiastes. Pour d'autres, elle ne sont pas particulièrement mises en avant, mais peuvent se révéler être des très bonnes surprises.
La vie, en gros (Living large en VO) est un film d’animation Franco-tchéco-slovaque réalisé par Kristina Dufková. Adaptée du livre du même nom de Mikaël Ollivier, l’histoire est celle de Ben, un adolescent obèse mais doué en cuisine, plein d’humour et entouré de parents divorcés mais aimants et d’amis qui l’acceptent tel qu’il est. Lorsque la nouvelle année scolaire débute, suite aux avertissements de l’infirmière scolaire sur son poids trop élevé et au harcèlement qu’il subit, Ben commence un régime, motivé par la fille qu’il aime.
Une histoire simple et facile à suivre
Le scénario est donc très simple. On suit un quotidien tout à fait banal, sans grande aventure ni révélation exceptionnelle. Le film a pour mérite de ne pas tomber dans des séquences grandiloquentes, où le héros se met par exemple à dos ses ami·es. L’intrigue avance à un bon rythme et possède un très bon dosage entre un humour très présent et des moments plus pesants. Le harcèlement et les problèmes de santé qu’engendrent l’obésité sont toujours traités avec justesse, sans tomber dans le larmoyant qui n'apporte rien à l’intrigue. Dans le même registre, les personnages secondaires ne sont pas des caricatures. L’arrivée de la nouvelle copine de son père ne provoque pas de tensions exacerbées avec sa mère et elle cherche également à soutenir et réconforter Ben lorsqu'il doute.
On peut donc s'identifier très facilement à la situation vécue par Ben, avec ses parents divorcés et son adolescence entre premiers amours et harcèlement. Ben est également un héros attachant, tourmenté mais toujours positif qu'on voit évoluer, toujours soutenu par son entourage qui respecte ses choix de vie.
Une ambiance variée à chaque fois très réussie
Si on se laisse facilement porter par l'histoire, l’animation est également un autre point fort du film. Réalisé en stop-motion qui fait ressortir un côté « fait-main » avec des mouvements légèrement saccadés, l’animation 2D qui est utilisée lorsque des passages se déroulent dans la tête de Ben est beaucoup plus fluide et prend un aspect plus crayonné. Ce mélange est un vrai bonheur, car il marque parfaitement les transitions et apporte une diversité dans le style qui est toujours bienvenue. L’environnement est quant à lui très britannique, avec une grisaille constante.
Enfin, la bande-son est également à souligner. Ben s’amuse à écrire des chansons avec son meilleur ami et décide de monter un groupe de musique. Avec des tonalités rock et une vraie recherche dans les paroles, on se laisse entraîner dans les compositions du film, qui servent également l’intrigue en illustrant l’évolution et les doutes de Ben et qui constituent un vrai fil rouge pendant tout le long-métrage.
Conclusion
La vie, en gros n’était pas le film le plus attendu du festival, mais un scénario simple et des éléments bien dosés en font une très bonne surprise que l’on regardera avec plaisir. Il s'avère être une très belle leçon de vie sur l’adolescence qui justifie le très bon jeu de mot de son titre.