Angelo dans la forêt mystérieuse

Une conte de fées moderne aux personnages attachants

Angelo dans la forêt mystérieuse est un film qui étonne par son type de récit et ses personnages tous mémorables.

Angelo est le cadet qui a du mal à trouver sa place face à un grand frère qui le rabaisse. Il est très attaché à sa grand-mère espiègle qu’il aime par-dessus tout et qui est la motivation première de son périple. 

Le jeune garçon vit une expédition périlleuse que l’on pourrait croire tout droit sortie de contes de fées, entre les ogres mangeurs d’homme, les animaux qui parlent et cette forêt mystérieuse. Angelo est un personnage vertueux à l’image des protagonistes issu·es de ces histoires comme Hansel et Gretel, ou encore Le Petit Poucet par exemple. Il reste fidèle à ses principes et change le monde autour de lui en bien malgré les péripéties.

C’est grâce à son authenticité que les rencontres qu’il fait sont d’autant plus significatives. Son inventivité aide par exemple Fabrice, un écureuil rêvant d'être un oiseau, à exaucer son rêve. De la même façon, partager ses bonbons préférés lui permet de se lier d’amitié avec Goouh, une créature végétale semblable à un colosse. Enfin, les valeurs de sa grand-mère permettent à Angelo de défendre la forêt. 

Le jeune garçon est génial à suivre. Il est foncièrement gentil, agréable et c’est un enfant qui est crédible aux yeux des spectateur·ices. La voix de Dario Hardouin-Spurio saisit avec efficacité ce personnage sympathique mais avec du caractère.

Yolande Moreau est hilarante en grand-mère malgré ses apparitions peu nombreuses, et le ton nonchalant de Philippe Katerine est excellent en écureuil rêveur. Mais le rôle le plus impressionnant revient à Ultra, joué par José Garcia qui prend plaisir à interpréter son rôle de grand méchant.

Ultra est le mélange physique parfait entre Freezer de Dragon Ball et l’extra-terrestre de La Soupe aux choux. Aussi extravagant que cruel, Ultra est aussi ce genre de vilain génial « queercodé » à la Disney, faisant écho à des icônes du mal comme Ursula de La Petite Sirène.

           © 2024 TOEI ANIMATION Co., Ltd.                  © Les Films Christian Fechner –  Films A2

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Ultra : le melting-pot parfait de malice

D’autres personnages sont aussi hilarants que mémorables comme l'ogre agent immobilier ou encore sa fille, véritable guerrière révolutionnaire.

Le long-métrage puise dans des références aussi anciennes que modernes pour toucher tous les types de public, peu importe leur âge. Angelo dans la forêt mystérieuse a le souci du détail pour se consacrer à tous ces personnages malgré sa durée d'une heure et vingt minutes.

Un humour et une mise en scène aux petits oignons 

Immédiatement mis en place et ce dès les premières minutes, le ton comique du film attrape tout de suite les spectateur·ices. Alors que les nombreux partenaires, studios d’animations et comédien·nes de doublage du film défilent sur un fond noir, tout ce que nous pouvons entendre est la voix enfantine d’Angelo présentant avec passion son projet de long-métrage. Ce sera un film avec un gros budget, quelque chose de titanesque avec des acteur·eurices « super connu·es ». Entre la superproduction au budget illimité que s'imagine Angelo et le film que lae spectateur·ice regarde, nous obtenons une opposition comique entre ce qui est dit et ce qui est montré grâce au montage.

Angelo utilisera plusieurs fois le brisage du quatrième mur pour expliquer aux spectateur·ices ses découvertes, présenter son imaginaire et ses trépidantes aventures en tant que super explorateur.

La perception de chaque personnage va de pair avec un style d’animation différent de la 3D utilisée dans le film. Lorsqu’ Angelo est un aventurier, il s’imagine plus âgé, musclé, à la Ken le survivant (Hokuto no Ken en VO) et doté d’une voix suave. L'écureuil Fabrice nous raconte dans un style de Looney Tunes son origin story d’oiseau. Franky le crapaud et Vincent l’asticot, deux amis loufoques, évoquent avec nostalgie l’histoire de la forêt enchantée dans un style inspiré des Silly Symphonies, allant de pair avec cette époque révolue.

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©  TOEI ANIMATION Co., Ltd.

Des styles d’animation singuliers adaptés à des personnages qui le sont tout autant

Le passage d’un style d’animation à un autre est très bien pensé dans la mise en scène. Une des premières scènes du film l’est en particulier, quand l’on passe d’Angelo l’aventurier à Angelo le petit garçon grâce à une transition par le mouvement renforcée par un dézoom. La barque passe ainsi d’une cascade d’eau à une cascade de lait, montrant aux spectateur·ices que l’imaginaire du jeune garçon trouve ses racines dans n’importe quel moment du quotidien.

 
D’une exploration périlleuse à un bol de céréales, il n’y a qu’un pas !
© 2024 Je Suis Bien Content – Gao Shan Pictures – Zeilt Productions – Amopix – Le Pacte – France 3 Cinéma – EV.L Prod – The Creative Holding – Pictanovo

Quand ce n’est pas le style d’animation qui change, c’est le framerate ; ce qu’il faut interpréter non pas comme un signe de mauvaise qualité mais plutôt comme une astuce de mise en scène.

Par exemple, l'armée patriote de fourmis rouges ou bien l’intelligence artificielle du GPS ont une animation moins fluide afin de leur donner des gestes exagérés. Les fourmis paraissent ainsi encore plus rigides et déterminées, se combinant parfaitement avec leur état d’esprit. L’IA du GPS est quant à elle encore plus robotique qu’elle ne l’est déjà. Ces techniques sont appliquées consciemment pour intensifier l’effet comique.

Une petite pépite française à soutenir

Le long-métrage convoque aussi bien l’imaginaire du genre conte de fées que les multiples références issues de la pop culture. Nous obtenons un savoureux mélange saupoudré d’humour, une recette parfaite et équilibrée pour une adaptation réussie.

Nous devons ce résultat à la collaboration entre Alexis Ducord et Winshluss lui-même. Le médium qu’est la bande dessinée est parfaitement respecté, nous offrant même des moments comparables à des illustrations. Nous sentons que le film est maîtrisé de bout en bout dans sa structure par ses arcs narratifs et par le développement de ses personnages.

Visuellement, Angelo dans la forêt mystérieuse est un bon exemple de ce que l’animation française fait de mieux : une mise en scène inventive et des styles d'animation variés grâce à des studios d’animation polyvalents.

Présent au festival d’Annecy en 2023 en Work in Progress et en compétition officielle pour l’édition 2024, ces deux sélections témoignent de l'œil du festival de soutenir ce projet marquant.

Ce long-métrage est à l’image de son personnage principal : audacieux, merveilleux, doux mais avec un caractère bien trempé ! Rendez-vous fin octobre pour vous aventurer dans la forêt sombre et mystérieuse…