© Pan 2024

Lors du festival d’Annecy 2024, nous avons pu assister au Work In Progress (présentation d’une œuvre en cours de production) du film Les Légendaires. Nathalie Gastaldo Godeau (productrice chez Pan distribution), Antoine Schoumsky (scénariste), Valérie Hadida (créatrice des personnages) et enfin Guillaume Ivernel (réalisateur) nous ont parlé de ce projet d’adaptation et des différentes étapes de production. Une présentation inspirante, débordante d’ambition et pleine de surprises à l’image de la BD.



📄 Synopsis
« Les Légendaires, ils sont 5 et ils n'ont que 10 ans ! Danaël, Jadina, Gryf, Shimy et Razzia vont unir leurs pouvoirs pour libérer leur planète d'une terrible malédiction. Un monde où tous les adultes sont redevenus des enfants. »

Une équipe de choc à l’image de nos héros

Cette séance WIP a commencé tout de suite avec la diffusion d’un teaser datant de 2020, qui avait servi de support de présentation du film d'animation lors du salon Cartoon Movie 2020. 

À l’image du premier tome de la bande-dessinée, celui-ci est rempli de promesses d’aventures et de combats épiques. Nathalie Gastaldo Godeau a ensuite pris la parole, très enthousiaste à l’idée de partager les avancées depuis ce premier teaser datant d’il y a quatre ans. 

La productrice est revenue sur les origines du projet d’adaptation. Tout comme ses enfants, elle était fan de cet univers créé par le bédéiste Patrick Sobral et publié en 2004 aux éditions Delcourt. Elle était fascinée par les personnages et les thèmes présents dans la BD et elle trouvait qu’ils pourraient particulièrement bien s’adapter au cinéma. La productrice de Pan Animation s’est, dans un premier temps, rapprochée de Patrick Sobral et des éditions Delcourt et a pu acquérir les droits pour une produire une adaptation au cinéma.

© Editions Delcourt 2024

L'idée de faire un film d’animation était une véritable première pour la boîte Pan-Européenne. En effet, cette dernière produit habituellement des films live comme le prochain film Largo Winch : Le Prix de l’Argent. Bien que ce fût une première expérience, Nathalie Gastaldo Godeau savait exactement qui elle souhaitait pour la réalisation de ce film, à savoir Guillaume Ivernel, le réalisateur de Chasseurs de Dragons. Valérie Hadida (qui avait également travaillé sur Chasseurs de Dragons avec Guillaume Ivernel) et Antoine Schoumsky ont ensuite rejoint cette aventure collaborative de réalisation.

Construire ce long-métrage a été un travail de longue haleine et une belle collaboration avec Patrick Sobral. Ce dernier s’est énormément investi en tant que consultant, ce qui est assez rare dans le cadre des adaptations. Avec ce poste, il a ainsi pu donner de précieux conseils pour affiner son univers à l’écran.

Nous sommes face à une équipe qui, à l'image de celle de nos héros Les Légendaires, s’est assemblée petit à petit.  Chacun·e est un atout conséquent dans son domaine afin de bâtir un long-métrage aussi légendaire que la BD !

 

Une adaptation aux multiples défis

La publication de la bande-dessinée Les Légendaires équivaut à une vingtaine d'albums en 20 ans de publication, sans compter tous les spin-offs. La question se pose alors naturellement de  quel tome adapter à l’écran. « La réponse est aucun » affirme Antoine Schoumsky. Le scénariste du film a obtenu l'accord de Patrick Sobral pour réinventer et réintroduire les personnages pour une adaptation cinématographique. Cette liberté scénaristique vient tout de même avec un problème de taille : « Comment rester pertinent, comment raconter une histoire d’aujourd'hui avec des personnages issus d’une licence qui a 20 ans ? » interroge Antoine Schoumsky.

Il semblait évident d’aborder la montée du fascisme et les menaces sur la biodiversité. Pour cette deuxième thématique, le scénariste est allé piocher dans la BD des éléments comme l’Arbores Elementa du monde elfique mais aussi l’arbre de Gaméra de la Cité d'Orchidia (des arbres sacrés et importants de l’univers des Légendaires). L’arbre de Gaméra est d'ailleurs l'élément qui sied le mieux aux thématiques que souhaite aborder le film : c’est un arbre immense ayant la capacité de produire une sève magique, le Jade G, qui sert d'amplificateur de magie. La cité exploite à foison cette ressource, semblable à une énergie fossile et source de convoitise du futur antagoniste.

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Orchidia, un arbre au cœur d'une cité… plus qu’industrielle

Une autre thématique qui sera bien plus présente dans le film est la reconstruction des liens des personnages au sein de leur groupe. Malgré la victoire des Légendaires face au Sorcier Noir Darkhell, leur combat titanesque a provoqué la destruction d’une pierre divine, entraînant le rajeunissement de toute la population d’Alysia.

Jugés responsables à tort de cette malédiction nommée l’accident Jovenia, Les Légendaires sont désormais des parias. Ils sont donc bien loin de l’image de idoles qu’ils étaient. Face à une nouvelle menace, notre groupe de héros devra s’unir à nouveau. 

Des années après leur dernière interaction, Les Légendaires devront se reconstruire aussi bien sur le plan psychologique que physique pour lutter ensemble contre les horreurs du monde. Antoine Schoumsky s’est inspiré pour le traitement des personnages de la licence Les Gardiens de la Galaxie : ce sont des gueules cassées, amoché·es par la vie, mais aussi des héro·ïnes qui n’ont pas d’autre choix que de vivre  ensemble.

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Un duel au sommet et une chute dévastatrice pour nos héros

C’est ensuite Valérie Hadida, conceptrice des personnages qui a pris la parole, en abordant son travail dans le film. Ayant déjà collaboré avec Guillaume Ivernel sur Chasseurs de Dragons et Spycies, elle était très enthousiaste à l'idée de retravailler avec lui sur Les Légendaires. Étant donné que tous les personnages de ce film sont des enfants, il y a tout un enjeu autour de leur conception pour représenter des enfants à la mentalité d’adulte. Ainsi, chaque personnage est pensé sur le même modèle 3D qui sert de base pour concevoir des personnages aux morphologies et au design bien différents. 

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Elysio/Darkhell, nouvel ami mais ancien ennemi

Un des plus gros enjeux de conception était le personnage d’Elysio. C’est un personnage doux et amnésique dont la véritable identité est Darkhell, l’ennemi juré des Légendaires. Qualifié de Docteur Jekyll et Mister Hyde par l’équipe de production, la frontière entre ses deux identités s'exprime par le jeu d’acteur, mais aussi visuellement grâce à un modèle de personnage différent pour illustrer cette dualité. Il a donc fallu faire deux modèles de personnages quasiment identiques, mais avec des caractéristiques  uniques pour que l’identification d’Elysio et celle de Darkhell soit simple pour le public.

L’ensemble des personnages de la BD a été retravaillé physiquement dans le cadre de leur adaptation au cinéma, bien qu’ils soient toujours semblables à leurs contreparties de la BD. Les libertés scénaristiques prises ont également permis la création de nouveaux personnages comme Ibycelia. Il s’agit d’un être hybride à la croisée des chemins de l'animal, du végétal et de l'humain et que l’on voit grandir dans le film. C’était une création au départ complexe pour Valérie Hadida, car il a fallu trouver la meilleure façon d'intégrer ce personnage inédit à l'univers de la licence.

 

Un style 3D qui réinvente la BD

Imaginé en 3D, soit à l’opposé du style manga/animé 2D de la BD, le film mis en chantier par le réalisateur Guillaume Ivernel respecte néanmoins l'esprit de l'œuvre dans ses moindres détails. Ce choix de direction artistique et visuelle, qui a bénéficié de l'aval de l’auteur, s'explique par la volonté de donner un ton plus réaliste au film. L’ambition du réalisateur était claire :  « Je veux faire un Seigneur des Anneaux pour enfants ».


© Pan 2024 / © Editions Delcourt 2024
Comparatif Film/BD du personnage de Jadina

Pour la conception des décors, le réalisateur Guillaume Ivernel a été agréablement surpris par la combinaison d'éléments de importés de différents fonds de la culture populaire. Par exemple, dans la mise en scène de Patrick Sobral, des éléments steampunk peuvent tout à fait côtoyer des châteaux de princesses tirés de l’époque médiévale. Le réalisateur s’est permis de faire la même chose en réinventant complètement les illustrations du dessinateur pour un long-métrage d'animation 3D.

© Pan 2024 / ©Editions Delcourt 2024
 Comparatif Film/BD de la cité d'Oroban

Pour ce qui est du rendu de l’image, le réalisateur a utilisé le moteur de jeu Unreal Engine. Guillaume Ivernel a tout de suite été enchanté par la rapidité et la profondeur de l’image ainsi que par le rendu de l'image en temps réel qui permet de voir immédiatement le fruit du travail accompli. Le réalisateur a aussi partagé des colors scripts (processus de pré-production définissant l’atmosphère du projet grâce à des plans représentés par des couleurspour illustrer les émotions) et les guides lumières (processus permettant la mise en scène grâce à la lumière des  personnages et décors dans un but scénaristique comme émotionnel) dont il est très fier, car toutes ces indications  couplées à l’Unreal Engine lui ont permis d’obtenir un niveau de réalisme qui rend les personnages plus crédibles. Avec ce moteur, l’empreinte carbone du film a été réduite de 70%, ce qui permet à l’équipe de  production d'être plus en accord avec le propos écologique de leur long-métrage.

Exemples de décors du long-métrage réalisés avec l’Unreal Engine
© Pan 2024

Ce monde médiéval fantastique est porté par les compositions de Cécile Corbel, autrice de la bande originale du film Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs,  dont Patrick Sobral et Guillaume Ivernel souhaitaient l’implication sur ce projet. Nous avons eu droit à une petite vidéo dans laquelle nous avons pu entendre un premier thème musical qui correspond bien à ce que voulait le réalisateur, à savoir une ambiance onirique, épique et mystique.

 

Un auteur plus que comblé

Le panel de présentation de ce Work In Progress a pris une toute autre tournure avec l’arrivée de Patrick Sobral qui a déclenché un tonnerre d’applaudissements. Après avoir rejoint la table, l’auteur remercie le public et espère qu’il y aura autant de monde à la sortie du film. « On va tout déchirer », a lancé Patrick Sobral, confiant.

L’auteur de la bande dessinée a pu aussi apporter quelques informations supplémentaires au sujet de leur collaboration. Iels étaient tous·tes sur la même longueur d’onde, avec l’ambition de construire un film épique respectant l'ADN de la BD. L’auteur souligne que s’il s’agit certes d’une œuvre jeunesse avec de l’humour, elle laissera aussi la place au drame, à l’action et à l’émotion.

Iels se sont fixé·es comme point de comparaison la saga de films Dragons de DreamWorks et « on n’en est vraiment pas loin » a confié Patrick Sobral.  L’ambition de Pan Européenne est de distribuer le film à l’international. Le succès du film, s’il est présent, pourrait contribuer à l’exportation de la BD dans les territoires anglophones et plus encore. Une telle réussite d’exploitation du film en salle pourrait déterminer le futur de ce nouvel univers des Légendaires. Le long métrage ne sortira pas avant le début d’année 2026 ; en attendant sa sortie, beaucoup de contenus promotionnels sont à prévoir pour satisfaire les fans les plus impatient·es.

Dragons, un modèle qui donne envie !
© 2024 DREAMWORKS ANIMATION

Le film semble être un juste milieu parfait  entre l'œuvre de Patrick Sobral et le réalisme de la 3D. Il était enfin temps que Les Légendaires —  présents depuis 20 ans dans le paysage littéraire — voguent vers de nouvelles aventures dans les salles obscures. Avec un auteur plus qu’heureux de la transposition de sa BD en long-métrage, nous sommes parti·es de cette présentation convaincu·es et plus que confiant·es à l’idée de découvrir ce film !

La cerise sur le gâteau de ce Work In Progress revient au moment où nous avons poussé tous·tes ensemble le cri de ralliement des Légendaires face à un auteur heureux. 

« Légendaires uni·es un jour, Légendaires uni·es toujours ! »

Fin de l'article
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Par Zel