Affiche en sortant de l'école : 10 ans de poésie animée

La poésie est souvent perçue comme un art complexe et ancien qui rebute beaucoup de monde lorsque le sujet est abordé. Néanmoins, différentes initiatives existent pour la rendre plus attrayante, notamment pour les plus jeunes. C’est le cas de France Télévisions, qui — au terme de 10 ans — vient d’achever la diffusion d’une série de courts-métrages d’animation ayant comme matière première des poèmes. Une exposition lors du dernier Festival du film d’animation à Annecy permettait d’en découvrir les coulisses de production.



 

Genèse d’un projet aussi poétique qu’animé

Le festival d’Annecy est devenu un rendez-vous incontournable pour la promotion de nouvelles séries et nouveaux films d’animation. De nombreux·ses profesionnel·les et passionné·es du monde entier se retrouvent pour découvrir les dernières œuvres à venir ou promouvoir leurs projets. Néanmoins, il permet également aux curieux·ses de découvrir des aspects méconnus d’un art souvent vu comme uniquement à destination des enfants. 

C’était par exemple le cas cette année de l’exposition “En sortant de l’école : 10 ans de poésie animée”, proposée toute la semaine à la médiathèque de Bonlieu. Le projet vient d’achever une décennie à l’antenne de France 3 dans son programme jeunesse Ludo, diffusé à chaque fois lors du Printemps des poètes. Avec 13 courts-métrages produits chaque année, la série a été prolifique et a pu permettre à des jeunes animateur·ices d’adapter des poèmes de Paul Eluard ou de Louis Aragon. Cette exposition était l’occasion d’en apprendre un peu plus le processus de création de cette série, dont la plupart des épisodes sont disponibles sur le site de France TV.

L’animation et la poésie sont de plus deux pratiques artistiques qui peuvent facilement se rejoindre. La poésie, avec son travail sur la langue, permet d'exprimer des émotions qu’il est impossible à décrire en temps normal, grâce aux figures de style comme la métaphore. L’animation, de son côté, permet des représentations beaucoup plus libres que le cinéma en prise de vues réelles. Un pont artistique est donc identifiable entre ces deux médiums avec cette démarche artistique similaire, qui consiste à transcender le réel par les mots ou par les techniques d'animation.

Attachée à protéger l’excellence et la variété française, la productrice à l’origine du projet, Delphine Maury, a envoyé tous·tes les réalisateur·ices chaque année au mois d’août à l’Abbaye Royale de Fontevraud dans les Pays de la Loire. Dans cet immense bâtiment, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, les jeunes réalisateur·ices participaient à l’ensemble des tâches. Cette répartition donnait lieu à une vraie dynamique de groupe et permettait des échanges importants pour des projets conséquents, confiés à des personnes faisant leurs premières armes depuis leurs sorties d’école. 


Chaque saison était consacrée soit à un poète, soit sur un thème, comme pour la dernière saison (Tant mieux Prod, le 30/07/2024)

 

Une exposition tout en pédagogie

Les néophytes ont donc pu découvrir la grande complexité qui se cache derrière des courts-métrages de seulement quelques minutes : des croquis de recherche, en passant par la création des décors et des storyboards, le travail est intense et sujet à de nombreux débats avant d’obtenir ce que les spectateur·ices peuvent voir. 

Organisée de façon à ce que le déroulé de la visite suive également les différentes étapes de création (croquis de recherche,  storyboards avec commentaires, tests de l’animation, etc), l’exposition permettait de comprendre de manière très claire avec les panneaux explicatifs tout le processus qui a abouti aux 130 courts-métrages produits. 

Les difficultés rencontrées pour ces projets d’envergure ont aussi été mises en avant, comme par exemple pour le choix du style d’animation. Même si les réalisateur·ices étaient complètement libres sur ce point, chaque style a ses contraintes et ses avantages qu’il faut prendre en compte pour créer une œuvre d’art suivant les limitations imposées par le medium. 

Le sujet de l'adaptation d'une œuvre dans un autre format a également été abordé. Il s'agit d'abord de réussir à retranscrire l'atmosphère et le message sans trahir l'œuvre d'origine, tout en ajoutant sa propre patte. Enfin, le projet doit intéresser un jeune public (8 à 13 ans), ce qui s'ajoute à la liste des défis. Dans cette même logique, l'exposition était tout à fait accessible à ce même public-cible : elle était claire et pédagogique.

Le découpage d’une animation avec ses 24 images par seconde et les nombreux cadres exposant les recherches effectuées ont permis de rendre les explications plus concrètes. (page Facebook de la collection “En sortant de l’école”)

Les différents points du projet ont montré à chaque fois une grande variété, qu’il s’agisse des sortant·es d’écoles d'animation (Les Gobelins, La Poudrière à Valence, l’ESAAT de Roubaix…), des poèmes adaptés (Jacques Prévert, Paul Eluard ou encore Louis Aragon) ou des techniques utilisées (dessins à l’encre, découpage de carton, crayonné…). L’exposition a donc été l’occasion de mettre en avant autant la richesse de la langue française que la créativité de son animation, deux domaines pour lesquels la France est mondialement reconnue. 

Bouquet de Céline Robineau (Adapté du poème de Robert Desnos) © Tant Mieux Prod/FTV

 

Conclusion

Cette exposition a permis de découvrir comment pouvait se concevoir un court-métrage d’animation, ce qui peut permettre de lever certains préjugés encore tenaces dont souffre beaucoup moins le cinéma en prise de vue réelle. Malgré tout, on peut regretter que l’exposition ait peut-être été trop courte pour celles et ceux connaissant déjà les bases.

La plupart des courts-métrages de la collection sont à retrouver gratuitement sur le site de France Télévisions.

Sources :
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Par Perle Rouge