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News
La quotidienne d'Annecy 2025 : jour 1 (dimanche)
Ces courts qui nous font vibrer
09 juin 2025
Par Les4elements , Maelias , Auré , Zel , Matshishkapeu

C'est parti ! Nos reporters ont posé leurs bagages dans la belle ville d'Annecy pour couvrir cette semaine du Festival international du film d'animation. Chaque jour, retrouvez dans notre quotidienne un concentré des séances, des visites, des rencontres et des événements auxquels iels ont participé la veille.
🔶 Courts métrages - Jeune Public
ℹ️ La catégorie Courts métrages - Jeune Public du Festival d'Annecy propose une sélection de films courts spécialement conçus pour captiver et émouvoir les enfants, avec des récits accessibles, des visuels ludiques et des thématiques adaptées. |

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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🔸A Walk into the Afterlife : on en prend plein les yeux !
Le film est d'une grande poésie visuelle : il est très onirique et dépaysant. Il propose une scénographie puissante pour illustrer les différents endroits que le chat traverse pour trouver un germe d'une graine de lotus.
A Walk into the Afterlife possède une réalisation très poussée avec un style d’animation 3D et des textures/effets 2D. Les décors que le chat traverse sont innovants et certains ont même des inserts en animation 2D. Ces nombreux décors atypiques sont le terrain de jeu idéal pour les animateur·ices, en plus de participer à l’aura étrange et mystérieuse du jardin.
Le scénario du court est certes minimaliste mais est d’une grande complexité visuelle. J'ai tout de suite développé un grand attachement pour ce chat dont la véritable quête n’est révélée qu’à la fin du court-métrage. Celui-ci se termine sur les ronronnements apaisés du chat de retour après un voyage bien étrange.
Entre ce court-métrage et Flow, présenté l'année dernière, les chats noirs sont en train de conquérir Annecy et surtout… mon cœur de spectatrice ! 🐈⬛

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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🔸Los Carpinchos : une collaboration interespèce réussie
J'ai adoré ce court-métrage ! Il est touchant et, par moments, très drôle, notamment grâce au flegme des capybaras comparé au dynamisme des poules. Les animaux sont traités de manière très réalistes.
Le film aborde habillement le concept du cycle de la violence et comment y mettre un terme. Dans ce court, la nouvelle génération, représentée par le poussin et le bébé capybara, met fin aux méfiances entre leurs espèces, ce qui favorise une alliance pour échapper à la cruauté des hommes. C'est un beau message qui fait la force de ce court-métrage.
Los Carpinchos est un court-métrage très tendre avec un message fort et une animation 2D qui fonctionne à merveille. C’est la recette parfaite à mon sens d'un excellent film Jeune Public destiné aux spectateur·ices les plus petit·es.

✍ Reporter bénévole : Zel (Camille) Chargée de production en animation, exploitante en cinéma, journaliste |
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🔸Snow Bear : : traditionnel sur la forme, moderne sur le fond
Le réalisateur de ce court-métrage n'est autre que Aaron Blaise, un grand nom de l'animation de Disney, qui a réalisé Frères des Ours. Il a également travaillé sur d'autres films cultes tels qu’Aladdin, La Belle et la Bête ou encore Le Roi Lion.
Le style disney pleinement assumé de ce court-métrage nous ramène à l'âge d'or des films Disney des années 90/2000 réalisés alors en animation traditionnelle. Là où aujourd’hui la compagnie aux grandes oreilles peine à renouveler ses idées en plus d’être rentrée dans un format de fabrication très standardisé voire industriel, Snow Bear est un véritable bijou aux thématiques très actuelles. Il assume pleinement son message écologique, en témoignant de la fonte des glaces et traite à travers son scénario assez tendre de la réduction alarmante de la population d’ours polaires.
L’animation est d’une fluidité remarquable et démontre le talent d’animateur d’Aaron Blaise. Si vous êtes nostalgiques de cette animation, Snow Bear est une bonne madeleine de Proust sur la forme, avec un propos plus actuel.
🔶 Intercontinental (Annecy Dôme)

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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Dans le Dôme (un lieu de projection dédiée aux programmes d'animation immersive à 360°) était projetée une conception réalisée par assistance d’IA générative. Il s’agit d’un projet présenté par l’un des réalisateurs, qui admet qu’il n’en est pas complètement fier, et dont la technique n’a cessé d’évoluer au fil des deux ans de conception.
Il n’y a pas de réelle histoire au film, et cela ressemble plus à un essai animé. On parcourt les styles d’images générées et leur animation dans ses premiers balbutiements, avec la transformation des corps et des doigts qui se dénombrent en continu, en passant par des montages à l’aide de photos et d’impressions en prises de vue réelles. Cette succession de méthodes génératives donnait à la scène un ensemble de plans assez trippants, surtout avec l'utilisation du dôme comme support de projection.
Soutenue par le réalisateur comme devant être utilisée comme « un simple outil », l'IAG présentait ses défauts, et les acteurs du projet le savaient bien. Il n’empêche que la présentation sous le dôme est reposante : couché·e face aux images instables, je pouvais discerner des transitions similaires à celles d’une diapositive ou bien des éléments animés au premier plan qui ne bouclent pas, mais l'expérience restait tout de même un peu intéressante et apportait au support un aspect nébuleux comme dans une projection d’images mentales, en rêve par exemple.

J'ose espérer qu'il n'y avait pas que de la génération d'images sans aucun apport humain : il y avait plusieurs parties qui semblaient avoir nécessité l’utilisation de logiciels 3D et de montage photos, qui ont aidé à rendre l'image plus stable et plus immersive au fil de la projection.
🔶 Films de commande en compétition
ℹ️ La catégorie Films de commande en compétition met en avant des productions animées réalisées sur commande, telles que des publicités, clips musicaux, génériques ou vidéos institutionnelles. Elle célèbre la créativité au service d’un message ou d’une marque, en valorisant l’innovation artistique dans un cadre professionnel. |

✍ Reporter bénévole : Matshishkapeu (Théo) Passionné de films d'animation |
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🔸 Ichon - Il Faut : un clip dramatique et fort
Ce clip animé a une animation extrêmement dynamique, minimaliste mais très efficace et vivante, comme des coups de marqueur noir sur un tableau blanc, qui rappelle aussi le travail au fusain.
L'animation épouse la détresse, la tristesse, les regrets et l'amertume du musicien et rappeur, qu'on perçoit à la mélancolie de la mélodie et de sa voix claire et posée. Elle donne d'autant plus de puissance aux mots et aux rimes choisis pour former un tout artistique cohérent.
Le clip me laisse une très bonne impression et fait fonctionner l'empathie très facilement. C'est un clip qui a marché pour moi. L'artiste évoque une part de vulnérabilité en s'interrogeant : comment garder la face devant la détresse de ne plus pouvoir voir son enfant ?
Je ne connaissais pas cet artiste et ce clip m'a clairement donné envie de découvrir sa discographie !

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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🔸 Qu'à un fil : quand le travail détruit dans l'indifférence
C’est une très bonne campagne de prévention, avec une narration et un support bien ficelés, avec des personnages tout faits de laine.
Au travail, le personnage principal est moqué, ignoré, et son état se désagrège alors que ses collègues ne le remarquent pas. La ficelle de la marionnette de laine se déroule continuellement et défait chacun de ses membres. Sa silhouette disparaît derrière les portes de l'ascenseur et se fait oublier lorsque la corde se coupe.
La métaphore de sa vie qui ne tient « qu'à un fil » prend tout son sens avec le propos et la technique d’animation utilisée pour ce court. C'est une réalisation qui m'a fait ressentir la perte de sens et l'isolement du personnage, ainsi que des travailleur·euses et personnes qui vivent cela au quotidien.
C'est un message de prévention simple, important, et bien abordé. Le court réussit à être inclusif grâce à sa narration muette et à son thème partagé par beaucoup, bien que le sujet soit difficile et peu abordé.

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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⚠️ Ce film aborde et présente des actes d'inceste et pédocriminels. |
🔸 Sombra : face aux violences sexuelles faites aux enfants, maintenons notre vigilance
Un sujet très difficile et magnifiquement bien abordé par sa technique - le rendu de l’animation donne aux couleurs l’allure du papier découpé, une approche qui pourrait donner l’impression d’un film pour jeune enfant, cependant, le court est principalement à destination des adultes.
Une petite fille joue aux côtés de sa mère qui a le dos tourné. L’ombre d’un membre de leur famille s’introduit chez elles par leur porte, et agresse la petite. Le court-métrage est narré par une voix qui explique aux parents ce qui peut échapper à leur garde ; l’animation montre alors différentes formes d’abus en mettant en avant les gestes qui ne sont pas suspectés par la mère. Ce focus rend ces scènes malaisantes, mais franches. La silhouette embrasse la petite fille sur la bouche alors qu’elle ne s’attendait pas à cette étreinte, ni à être attouchée.
Cette ombre pèse désormais sur la petite fille et la suit jusqu’à l’école sous une forme menaçante. Il n’est en réalité pas toujours évident de remarquer le changement de comportement chez un enfant, ce que le court-métrage montre pourtant très bien. Afin d'inciter les adultes à rester vigilants et à l’écoute, la voix de la narratrice encourage l’accueil des propos de l’enfant isolée. L’emprise de l’ombre de l’agresseur s’estompe, et la menace repart sous la porte. J’ai trouvé cette représentation claire et d’une justesse dure mais profondément nécessaire envers cette réalité. Que ce soit sur les méthodes d’abus, mais aussi celles de la protection de l’enfant, le fond et la forme du court permettent la mise en lumière d’un des sujets les plus tabous dans nos sociétés.

✍ Reporter bénévole : Matshishkapeu (Théo) Passionné de films d'animation |
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🔸 Desi Oon : une ode à la laine
Réalisé en stop motion, Desi Oon anime objets et marionnettes en feutre. Le traitement de l'image est ici excellent, tout de laine vêtu ce court métrage est très impressionnant dans sa réalisation visuelle, faisant facilement vivre « les pelotes ».
La narration est un chant entraînant qui accompagne bien le rythme de l'image, ce qui permet de comprendre facilement ces petites pelotes opprimées.
Le film explore le lien entre la laine Deccani, la terre et ses habitants, en soulignant son importance culturelle, spirituelle et écologique. Par contre le traitement est ici culturellement spéciste et on prend soin de ses moutons comme des ses enfants. Sauf que eux on les mange.
Personnellement je ne suis pas à l'aise avec le message transmis qui est de continuer l'exploitation du mouton car on fait ça depuis longtemps. Bien que pour certain un rappel d'où vient le produit et du gâchis qui en est fait est le bienvenu.
C’est un joli film aux idées bien placées ! L'animation vaut le détour.

✍ Reporter bénévole : Maelias Artiste 2D, designer graphique |
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🔸 The Decameron Main Title Sequence : organique et vivant
Nombreuses ont été les animations avec un style super intéressant, mais celui-ci m’a tapé dans l'œil !
Pour le rendu des foules, qui même organisées, grouille en permanence à l’écran. Mais ce que j’adore par-dessus tout, c’est leur aspect très organique. Chaque rat semble posséder ses propres réflexes et trajectoires. Leur comportement est soutenu par l’animation et l’approche “dessinée” leur prêtent des aspérités légèrement déformées, stylisées, qui leur donnent un petit côté comique jusqu’à la fin.

✍ Reporter bénévole : Matshishkapeu (Théo) Passionné de films d'animation |
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🔸 Mon Algorithme à moi : absurde et fun
Un homme regarde des memes de chats en VR, puis en se faisant enlever par des chats de l’espace devient maître de son algorithme…
Mon Algorithme à moi est un clip musical qui mêle effets spéciaux, ordinateur 2D, et intelligence artificielle, et nous propose une aventure virtuelle et spatiale dans un cerveau en crise existentielle.
La musique est kitch, futuriste à souhait, ici c'est le son qui épaule l'image.
L’excentricité est maximale, on ne cherche pas vraiment le sens ici, mais si on gratte on y voit un peu la perte du sens de l'utilisation des algorithmes où l'utilisateur influence d'abord son algo avant que l'inverse ne se produise.
J’ai ri, je suis sensible à ce type d'humour absurde où le sens se perd et le comique de situation est roi.
À demain pour une nouvelle édition de ce qui aura été vu aujourd'hui par nos journalistes (J+1) ! 👋